Paradoxes, Énigmes et Coïncidences: septembre 2006

11 septembre 2006

Les Paradoxes du Bobo

Il lit Frédéric Beigbeder en franc ou en euro, s'habille chez GAP, mange bio, hait la mondialisation - tout en possédant un porte-feuille d'actions boursières - et jongle avec les paradoxes comme avec son palm pilot : le Bobo ...

Bobo, c'est l'acronyme de « Bourgeois-Bohème », terminologie choisie par le journaliste américain David Brooks du New-York Times, afin de définir la génération montante « made in US ». Pourtant, difficile d'être à la fois « conservateur, conformiste, fermé à la littérature et aux arts » (définition de bourgeois - dictionnaire Hachette) et dans le même temps « mener une vie irrégulière et désordonnée » (définition de bohème - dictionnaire Hachette) ! Mais c'est dans ce joyeux compromis que s'épanouit notre bobo.

Par définition, le bobo ne fait jamais comme tout le monde : Il fustige la mode, mais file directement chez Gap ou Zara trouver le vêtement vrai-faux-chic et décalé qui lui permettra de se faire quand même remarquer. Il ne manquerait plus qu'il passe inaperçu !

  • En vacances, ne cherchez pas le bobo dans les lieux branchés si peu originaux : Notre homme préfère retaper une vieille ferme dans le Poitou plutôt que de s'exposer aux flashs de la jet-set
  • Le bobo cultive l'unique et l'exceptionnel. Pour lui ce qui est à la mode ne l'est plus, seule l'authentique trouve grâce à ses yeux
  • Autres vertus essentielles de ce club si select : les élites socio-culturelles doivent se ruiner pour des choses qui ne sont pas chères... Histoire de bien se distinguer des élites cossues, plus riches mais moins intelligentes et pas très au fait en matière de dentifrice bio à 35 euros le tube !
  • Dernier code de l'étiquette : préférer les magasins offrant un choix de produits encore plus vaste que dans ses rêves et ne pas s'attarder sur les choses aussi vulgaires que le prix. Que nenni ! Preuve que le bobo est maître de sa consommation, « lui » !
Le Bobo : Un animal paradoxal

Question idéologie, le Bobo est très « open » : Contre le racisme, pour le droit d'adoption des homosexuels, pas macho... Toutes nouvelles idées est bonne à prendre et à exploiter (rappel : Ne jamais faire comme tout le monde). Pour cela, il surfe des heures sur le net, persuadé de s'enrichir intellectuellement et de faire de bonnes affaires. Quand il aura constaté que tout le monde « shoppe » sur Internet, il retournera dans la boutique du coin de la rue et prônera le retour des petits commerces si sympathiques et humains....

Un point marquant de son éducation est son culte de la forme naturelle : avoir la santé grâce à un subtil dosage de soja et de tofu bio... C'est là qu'apparaît le drame de cet animal qui se voudrait si différent : Comme un consommateur lambda, il n'a pas résisté aux sirènes des idées toutes faites et au biomarketing.

D'ailleurs c'est là son drame ! Malgré tous ses efforts pour paraître différent, le bobo reste désespérément « humain ». Le bobo se rêve un personnage qui le dépasse. A force de s'inventer, il apparaît comme un nouveau riche pas très révolutionnaire, un écolo moderne qui aimerait concilier nouvelle économie et profit avec culture de son jardin et commerce équitable... Un doux utopiste en somme. C'est Candide chez les Réalistes !

Auteur : Anne de Kinkelin

Libellés : , , , , , , ,

Publié par Fabrice Retailleau - Copywriter à 22:01