Paradoxes, Énigmes et Coïncidences: septembre 2008

19 septembre 2008

Etre trop heureux peut rendre les enfants neuneus

Faire plaisir aux petits n’est pas le meilleur moyen de stimuler leurs performances intellectuelles...

Prise d'empreinte symbolique sur une main d'enfant lors d'une manifestation de protestation le 7 juillet 2008 à Rome contre les décisions italiennes

Prise d'empreinte symbolique sur une main d'enfant
lors d'une manifestation de protestation le 7 juillet 2008 à Rome
contre les décisions italiennes


Faire plaisir aux petits n’est pas le meilleur moyen de stimuler leurs performances intellectuelles. C’est du moins la conclusion d’une équipe anglo-américaine de psychologues qui a comparé les résultats de plusieurs groupes d’enfants plus ou moins joyeux.

Quand la déprime rend intelligent

« La sagesse populaire veut que les enfants joyeux soient ceux qui apprennent le mieux. Pourtant, joie n’est pas toujours synonyme de meilleures performances cognitives », assure Simone Schnall, professeur de psychologie à l’Université de Plymouth. De fait, chez l’adulte, des études antérieures ont montré que si les personnes qui s’estiment « heureuses » réussissent généralement mieux les tests de créativité, elles ont de moins bons résultats aux épreuves demandant une grande attention aux détails. Afin de vérifier si ce phénomène s’observait aussi chez les enfants, Simone Schnall et ses collègues de l’Université de Virginie (Etats-Unis) ont réalisé deux expériences dont les résultats sont publiés dans la revue « Developmental Science » .

Le malheur par Mahler

Les psychologues ont d’abord fait passer à des enfants agés de 10-11 ans un test d’intelligence non-verbale consistant à reconnaître les formes géométriques plus ou moins complexes dissimulées dans un dessin. Pendant le test, une musique était jouée: pour la moitié des enfants, il s’agissait de l’enjouée «Eine Kleine Nacht Musik» de Mozart, et pour l’autre moitié du déchirant «Adagietto» de Mahler.

« Cela nous a permis de manipuler expérimentalement l’humeur des enfants car il a été prouvé que la musique est un moyen efficace d’induire des états émotionnels», explique Simone Schnall. Pour vérifier l’état d’esprit des enfants à la fin de l’expérience, ces derniers étaient invités à indiquer, au moyen d’un visage plus ou moins souriant, comment elles se sentaient.

Avantage aux tristes

Les chercheuses ont ainsi eu la confirmation que le fait d’écouter du Mahler rendait nettement plus triste les enfants que d’écouter du Mozart. Elles se sont ensuite aperçues que les enfants tristes réalisaient les test significativement plus rapidement que les enfants joyeux. Bref, avoir le bourdon semblait plus bénéfique aux petits qu’être d’humeur primesautière. « Toutefois, ces résultats ne nous disaient pas si c’était la joie qui avait diminué les performances des enfants ou si c’était la tristesse qui les avait augmentées », précise Schnall.

Les psychologues ont donc réalisé une seconde expérience avec des enfants plus jeunes (6-7 ans) dont ils ont «manipulé» l’humeur en leur présentant cette fois des extraits de films tristes, joyeux ou neutre avant de leur faire passer les tests. Elles ont ainsi constaté que les enfants «joyeux» faisaient beaucoup plus d’erreurs que les enfants tristes et « neutres ». «Ce résultat est crucial», selon Schall et ses collègues «car il démontre que ce n’est pas la tristesse qui accroît pas les performances, c’est la joie qui les diminue».

Attention aux détails

Les chercheuses estiment que leurs expériences montrent clairement que rendre joyeux un enfant «peut avoir des effets négatifs quand ce dernier doit mobiliser son attention aux détails». Mais elles rappellent également que de nombreuses études ont aussi montré qu’être de bonne humeur rend les enfants plus performants dans les tâches qui réclament une moindre attention mais une plus grande créativité.

Auteur : Yaroslav Pigenet

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Publié par Fabrice Retailleau - Copywriter à 19:12