Paradoxes, Énigmes et Coïncidences: janvier 2007

02 janvier 2007

Les paradoxes du voyage dans le temps

Source : Wikipedia

Approche scientifique du paradoxe temporel

Un paradoxe est une proposition qui contient ou semble contenir une contradiction logique, ou un raisonnement qui, bien que sans faille apparente, aboutit à une absurdité, ou encore, une situation qui contredit l'intuition commune.

Il existe dans le domaine scientifique un postulat fondamental qui expose que tout phénomène a une cause, et même dans sa version affaiblie, que si un événement est la cause d'un autre, la cause a lieu avant l'effet.

En introduisant la notion de voyage temporel, il en résulte deux possibilités de violer ce principe, et donc ainsi de créer des paradoxes temporels :
  1. un phénomène n'a pas de cause, cette cause étant placé dans le futur a disparu du fait de la modification de celui-ci, et
  2. un phénomène est sa propre cause, c'est à dire que la modification amenée au temps va créer les causes de cette même modification.
Ces deux paradoxes offrent deux théories du temps a priori inconciliables : en effet, suivant que l'on retient le premier type de paradoxe ou le second, on peut ou on ne peut pas modifier le passé. Certains auteurs n'ont pas toujours appréhendé l'existence de ces deux types, ce qui nous amène à un troisième paradoxe où les deux types sont mis en œuvre dans un même récit.

Les paradoxes temporels et la science

Bien que le voyage temporel soit une possibilité théorique émanant de la théorie de la relativité générale d'Einstein, il n'est pas encore possible de le mettre en œuvre. Il est donc actuellement impossible de bâtir la moindre théorie sur le paradoxe temporel à partir de l'observation et donc de savoir lequel des deux types de paradoxe s'applique à notre univers.

Les types de paradoxes

Paradoxe du grand-père et multivers d’Everett

Reprenons le cas du retour en arrière dans le temps. Si un individu Z tue un homme X qui se trouve être son grand-père, la question est de savoir dans ces conditions, dans l’hypothèse de la fidélité de sa grand-mère (ce qui de toute façon aurait engendré non pas Z mais un autre individu ne disposant que de la moitié de son génome), comment Z a pu naître. L’échappatoire la plus classique est de supposer qu’il puisse exister (au moins) deux lignes de temps, l’une où X n’est pas tué et engendre l’un des parents de Z, une autre où il est tué et dans laquelle Z n’est pas né. Ce qui n’empêche pas a priori le Z de la première ligne de temps de s’y promener. Il y évitera au moins le paradoxe de se rencontrer lui-même. On entre dans une notion d’espace des possibles.

Par une coïncidence amusante, cette possibilité de multiplicité des futurs a également un pendant en physique, qui est la théorie énoncée en 1957 par Hugh Everett et reprise depuis par John Wheeler, David Deutsch et quelques autres physiciens, au moins à titre d’hypothèse de travail méritant qu’on en examine les tenants et aboutissants.

Paradoxe de l'écrivain

Le cas inverse, celui d’un événement qui serait sa propre cause, est également souvent évoqué en science-fiction. Il est bien entendu exclu dans l’hypothèse du multivers.

Solutions en science-fiction

Le premier paradoxe est toujours présenté comme le plus grand risque du voyage dans le temps. Il y a globalement deux voies pour s’en sortir :
  • La première consiste à faire reposer cette responsabilité sur le voyageur : à charge pour lui d’éviter de créer tout paradoxe. Les conséquences de la création d’un paradoxe sont souvent floues, mais toujours effrayantes, pouvant aller jusqu’à la destruction de l’Univers. (par exemple dans Retour vers le futur) En revanche, tant qu'on ne provoque pas de paradoxe, il est parfaitement autorisé de modifier radicalement l'histoire.
  • La seconde issue est d’adopter l’hypothèse du multivers. On trouve cette hypothèse chez les X-Men. Rachel Summers envoya l’esprit de son amie Kitty Pryde dans le passé pour empêcher les événements survenus avant sa naissance et ayant abouti à la dictature des robots sentinelles. La mission réussit, mais Rachel voit son environnement inchangé. Elle se rend alors elle-même dans le passé. Elle comprend alors que le passé qu’elle a sauvé de la dictature des sentinelles est celui d’un autre univers. Elle ne peut rien faire là-bas pour modifier le passé de son univers. En revanche quand elle retourne dans son propre univers, elle emmène avec elle des amis qui l’aident à renverser les sentinelles. Mais comme elle est retourné dans son univers à une date postérieure à celle de son départ, Rachel n’a violé la causalité à aucun moment.
  • On trouve une voie intermédiaire dans laquelle il n’existe pas de multivers mais où les voyageurs venus du futur ne sont pas affectés par ce qui pourra advenir dans le futur à cause de leurs actions. C’est la solution adoptée par exemple dans Terminator 2. Le Terminator provoque la destruction dans l'œuf du projet qui lui a donné naissance.
  • Une dernière solution consiste à déclarer qu'il n'existe qu'une seule trame temporelle. Dans ce cas, toutes les actions du voyageur temporel auront en fait eu lieu dans ce qui était le passé avant son voyage (il peut en être plus ou moins conscient). Bien sûr, le paradoxe du grand-père ne peut survenir dans ce cas, qui est aussi le seul à permettre le paradoxe de l'écrivain. Le film L'Armée des douze singes suit non seulement cette voie, mais insiste particulièrement pour le faire sentir au spectateur.
La solution du multivers a l’avantage de résoudre tous les problèmes logiques et même physiques (la conservation de la masse se fait à l’échelle du multivers et la causalité est respectée, si l’on considère que le temps du multivers ne correpond pas aux même dates dans tous les univers). Mais elle est moins intéressante pour de nombreux auteurs puisqu’elle interdit de modifier son propre passé.

Le cas du paradoxe de l'écrivain est plus étrange : dans l’hypothèse du multivers, il est évidemment exclu. Qu’en est-il chez les auteurs ne considérant qu’un seul univers ? Eh bien ce paradoxe est souvent autorisé, si douteux soit-il d’un point de vue logique. Prenons l’exemple d’Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban : Harry survit à sa rencontre avec les détraqueurs parce qu’un homme a lancé un sort pour les mettre en fuite. Il fait ensuite un saut de quelques heures dans le passé. Au cours de ce saut, il lance le sort qui lui a sauvé la vie. Tout semble cohérent. Sauf que sa mort face aux détraqueurs, entraînant l’absence de voyageur temporel, serait aussi une solution cohérente.

Finalement, l’utilisation de boucles de causalité apparaît comme une licence poétique accordée à la plupart des auteurs utilisant le voyage dans le temps.

Il est à noter que certains auteurs s’autorisent à passer d’une voie à l’autre. Par exemple, parmi les solutions proposées, on observe que les deux premiers films de la série des Terminator emploient chacun une solution différente.

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Publié par Fabrice Retailleau - Copywriter à 22:03